Below is a poem by Jacques Prévert, written during the 1933 General Strike.
Citroën
À la porte des maisons closes C’est une petite lueur qui luit… Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale: Une grande lumière grimpe sur la tour, Une lumière toute crue. C’est la lanterne du bordel capitaliste, Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.
Citroën ! Citroën !
C’est le nom d’un petit homme, Un petit homme avec des chiffres dans la tête, Un petit homme avec un sale regard derrière son lorgnon, Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson, Toujours la même.
Bénéfices nets… Millions… Millions…
Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond, 500 voitures, 600 voitures par jour. Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…
Bénéfices nets… Millions… Millions…Citron… Citron
Et le voilà qui se promène à Deauville, Le voilà à Cannes qui sort du Casino
Le voilà à Nice qui fait le beau Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair, Beau temps aujourd’hui ! le voilà qui se promène qui prend l’air,
Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier, Ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse Une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre, Une bouteille de lait ? Il n’est pas laitier… Il est Citroën.
Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres. Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions. Des journalistes mangent dans sa main. Le préfet de police rampe sous son paillasson.
Citron ?… Citron ?… Millions… Millions…
Et si le chiffre d’affaires vient à baisser, pour que malgré tout Les bénéfices ne diminuent pas, il suffit d’augmenter la cadence et de Baisser les salaires des ouvriers
Baisser les salaires
Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches, Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer, Pour faire la grève… La grève…
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Jon Winet Data Stream Editor
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Hurricaine Katrina Relief - The City of New Orleans
"The Tipitina's Foundationa 501(c)(3) non-profit organization, has worked diligently to uplift the music community of New Orleans. After Hurricane Katrina devastated the city, the Foundation responded by rebuilding New Orleans' music culture. Initially, the Foundation addressed the immediate needs of our exiled musicians and allowed them to carry on with their lives. Now the foundation is using the legendary music club, Tipitina's Uptown, as the center of its relief efforts by hosting a newly-opened Music Co-op Office that allows musicians to conduct their business activities during the daytime, free legal and accounting seminars, free music lessons for music students, regular Master Seminars, and help with housing information.
An important aspect of the rebuilding process has involved finding replacement instruments for both professionals and music students alike. So far the foundation has given away over $500,000 of new instruments. Through these efforts, the Tipitina's Foundation is saving the musical traditions of New Orleans."
"The Tipitina's Foundation is making sure New Orleans' heart and soul, its music, continues to flourish."
1 comment:
Below is a poem by Jacques Prévert, written during the 1933 General Strike.
Citroën
À la porte des maisons closes
C’est une petite lueur qui luit…
Mais sur Paris endormi, une grande lumière s’étale:
Une grande lumière grimpe sur la tour,
Une lumière toute crue.
C’est la lanterne du bordel capitaliste,
Avec le nom du tôlier qui brille dans la nuit.
Citroën ! Citroën !
C’est le nom d’un petit homme,
Un petit homme avec des chiffres dans la tête,
Un petit homme avec un sale regard derrière son lorgnon,
Un petit homme qui ne connaît qu’une seule chanson,
Toujours la même.
Bénéfices nets…
Millions… Millions…
Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond,
500 voitures, 600 voitures par jour.
Trottinettes, caravanes, expéditions, auto-chenilles, camions…
Bénéfices nets…
Millions… Millions…Citron… Citron
Et le voilà qui se promène à Deauville,
Le voilà à Cannes qui sort du Casino
Le voilà à Nice qui fait le beau
Sur la promenade des Anglais avec un petit veston clair,
Beau temps aujourd’hui ! le voilà qui se promène qui prend l’air,
Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie
Et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier,
Ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse
Une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut bien lui foutre,
Une bouteille de lait ?
Il n’est pas laitier… Il est Citroën.
Il a son nom sur la tour, il a des colonels sous ses ordres.
Des colonels gratte-papier, garde-chiourme, espions.
Des journalistes mangent dans sa main.
Le préfet de police rampe sous son paillasson.
Citron ?… Citron ?… Millions… Millions…
Et si le chiffre d’affaires vient à baisser, pour que malgré tout
Les bénéfices ne diminuent pas, il suffit d’augmenter la cadence et de
Baisser les salaires des ouvriers
Baisser les salaires
Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches,
Ceux-là gardent encore une mâchoire de loup
Pour mordre, pour se défendre, pour attaquer,
Pour faire la grève…
La grève…
Vive la grève!
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